Commémoration du 80ème anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie
L'AFMA sera présente à la commémoration organisée par la Mairie de Paris, aux côtés des autres organisations juives, pour rappeler l'exemple de l'esprit de résistance et de l'unité des énergies face à la terreur criminelle nazie.
En avant première, nous vous livrons l'article qu'a bien voulu nous livrer l'historienne Zoé Grumberg:
Quel a été l’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale ? Comment ce soulèvement a ensuite été commémoré par les Juifs de France à l’issue de la guerre ?
C’est en tant qu’historienne spécialiste du secteur juif du Parti communiste français (PCF) après la Seconde Guerre mondiale que j’interviens aujourd’hui : les Juifs communistes ont donc logiquement une place importante dans mon propos, même si je tâche de prêter la même attention aux mouvements non-communistes.
Pendant la guerre
Les premiers échos du soulèvement du ghetto de Varsovie se font entendre dans le monde juif de France à la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai 1943, par le biais de Radio Londres et plus particulièrement du service polonais de la BBC. D’après Adam Rayski, responsable de la section juive du PCF sous l’Occupation, la diffusion sur Radio Londres aurait été retardée en raison des tractations entre le gouvernement polonais en exil et les autorités britanniques qui souhaitaient préalablement vérifier les informations(1).
Pour l’ancien résistant, cela s’expliquerait par la tendance des gouvernements des pays alliés à se méfier des soulèvements et révoltes non coordonnées avec leurs objectifs stratégiques ou politiques. Plus généralement, l’effet du soulèvement du ghetto de Varsovie paraissait limité sur le plan militaire et n’était pas de nature à changer le cours de la guerre : cela n’était donc pas au cœur de leur communication. Pour le monde juif, en revanche, cet événement revêtait une signification symbolique et morale très forte, ce que les organisations juives ont très vite compris. L’historienne Renée Poznanski date du 1er mai la première allusion à la résistance des Juifs du ghetto de Varsovie dans un numéro du journal juif communiste Notre voix(2).
Les informations étaient alors parcellaires et c’est dans les jours et semaines à venir, parallèlement à l’écoute des émissions de la BBC, qui donnaient des informations de plus en plus précises sur le déroulement des évènements, que les organisations juives de Résistance ont commencé à publier plus abondamment sur le soulèvement du ghetto de Varsovie. Parmi les plus actifs, on trouve les Juifs communistes au premier rang desquels l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (l’UJRE), qui consacre ses journaux clandestins (Undzer Wort, Notre Voix, Jeune Combat) au suivi du soulèvement du ghetto de Varsovie et le mentionne dans de nombreux tracts. Le Mouvement national contre le racisme (MNCR), proche de l’UJRE, diffuse et commente le soulèvement du Écho et mémoire du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant et après la guerre.
“La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs”
ghetto de Varsovie dans des numéros spéciaux de ses journaux J’accuse, Fraternité, Combat Médical notamment.
Les communistes ne sont toutefois pas les seuls à en parler dans leurs journaux : en septembre, le mouvement Poalé Tsion gauche, un mouvement sioniste marxiste, consacre ainsi le premier numéro de son journal en yiddish Arbeiter Zeitung, aux insurgés du ghetto de Varsovie.
Si tous les mouvements n’avaient pas de journaux clandestins, ce qui ne permet pas toujours de savoir s’ils relayaient telle ou telle information, le soulèvement du ghetto de Varsovie est un événement central pour toutes les organisations juives de France qui cherchent à en parler et à diffuser l’information par divers biais. Pourquoi les organisations juives de Résistance ont-elles fait une place importante à cette nouvelle et quel était leur objectif en essayant de la diffuser au plus grand nombre ?
Il faut rappeler que pendant la guerre, les Nazis cherchaient à dissimuler toute information sur le sort réservé aux Juifs à l’Est de l’Europe. De plus, les Juifs étaient théoriquement privés de postes de radio et donc ne pouvaient pas, sauf s’ils possédaient clandestinement une radio, se tenir au courant par le biais de Radio Londres par exemple. La presse clandestine était donc centrale pour obtenir de vraies informations sur l’évolution de la guerre et le sort des Juifs. Toutefois, la presse clandestine non-juive accordait peu d’importance à l’extermination des Juifs. En comparant la presse clandestine non-juive avec les émissions de Londres et avec les journaux des organisations de résistance juives, l’historienne Renée Poznanski a montré que la situation des Juifs n’a jamais été la priorité de la Résistance française(3).
Les organisations de résistance juives devaient donc en parler elles-mêmes et c’est d’ailleurs ce qu’elles faisaient, en tâchant d’alerter les Juifs sur la situation à l’Est et sur la nécessité de fuir et de se cacher. Mais le soulèvement du ghetto de Varsovie a eu une place très particulière dans la presse clandestine juive. En parlant du soulèvement du ghetto de Varsovie, la presse clandestine juive et particulièrement la presse juive communiste avait trois objectifs. Le premier objectif était de faire prendre conscience à la population juive du sort qui les attendait à l’Est.
Les Juifs communistes, en particulier, avait diffusé très tôt des informations sur ce qu’il se passait à l’Est. Mais lorsqu’ils parlaient des rumeurs autour de l’existence de gaz asphyxiant, y croyaient-ils eux-mêmes ? Et que croyaient la population juive ? On peut tout à fait savoir quelque chose, sans toutefois y croire. Ce que montrait le soulèvement du ghetto de Varsovie, c’est que des hommes et des femmes étaient prêts à se battre et à perdre la vie dans des combats, plutôt que d’être déportés.
La déportation ne menait donc pas à des prétendues « camps de travail » mais à la mort, dans la plupart des cas. Répression du soulèvement du ghetto de Varsovie par la Waffen SS. Le deuxième objectif de la presse clandestine juive de France était de mobiliser les masses juives dans la lutte contre l’occupant. Undzer Wort écrivait ainsi en juin 1943 : « Les Juifs de Varsovie ont fait la seule constatation logique découlant de leur martyre : se résigner, attendre, rechercher des compromis, menaient inévitablement à la disparition ».
En faisant entendre les cris des Juifs insurgés du ghetto, il s’agissait donc autant de leur rendre hommage que de faire prendre conscience aux Juifs de France de l’importance de la lutte, peu importe la forme qu’elle pouvait prendre (pour les communistes, notamment, cette lutte se devait d’être armée, un point de vue que ne partageaient pas toutes les organisations juives).
Alors que les Juifs étaient menacés dans les existence tant individuelle que collective, et que la clandestinité et la situation de la guerre pouvait conduire à l’éparpillement et au repli sur soi, les organisations juives appelaient à la mobilisation collective. Les Juifs communistes n’hésitaient pas, dans ce contexte, à faire référence à l’existence nationale du peuple juif, en inscrivant le soulèvement du ghetto de Varsovie dans la continuité de luttes du peuple juif pour une existence nationale indépendante(4).
Renée Poznanski rappelle que cette référence à l’existence nationale du peuple juif pouvait avoir un objectif militant pour les Juifs communistes, qui cherchaient à galvaniser tous les Juifs de France. Mais elle révèle aussi la conscience des Juifs communistes qu’un tournant semblait s’être produit dans l’histoire du peuple juif, ce qui les conduisait à des accents nationalistes qu’ils rejetaient jusqu’alors.
Enfin, le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique. Des négociations avaient lieu entre diverses organisations juives yiddishophones : sionistes, bundistes et communistes. Comme l’explique Renée Poznanski, « les nouvelles du ghetto semblent avoir eu un impact direct sur leur résultat(5) ». Les bundistes, initialement hostiles à tout accord avec les communistes, auraient en effet changé d’avis à ce moment, à la suite des échos du soulèvement héroïque du ghetto de Varsovie, fruit de l’union de plusieurs forces politiques initialement concurrentes. Les négociations ont ensuite donné lieu à la création du Comité général de Défense (CGD), premier pas vers l’union de toutes les forces juives de France dans le Conseil représentatif des Juifs de France (CRJF, qui devient après-guerre le CRIF).
Prise de conscience, mobilisation, unité, tels ont été les impacts du soulèvement du ghetto de Varsovie dans le monde juif de France pendant la guerre. En donnant l’image d’un peuple juif héroïque, les insurgés du ghetto de Varsovie ont non seulement lutté pour leur vie mais aussi pour l’existence collective du monde juif, pour sa dignité et pour la liberté. “le troisième objectif poursuivi par les organisations juives était l’unité. Au printemps 1943, le monde juif était en pleine réorganisation politique” Rue Nowolipie à l'intersection avec la rue Smocza, ghetto de Varsovie.
Après la guerre
Comment le monde juif de France a-t-il commémoré l’insurrection du ghetto de Varsovie après la guerre ?
Comme l’a montré l’historien Simon Perego, auteur d’une thèse sur les commémorations de la Shoah dans le monde juif de France entre 1944 et 1967, la commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie était au cœur de la mémoire des Juifs de Paris après la Seconde Guerre(6).
L’insurrection avait une valeur de « mythe », c’est-à-dire un souvenir idéalisé qui exerce une fascination durable sur la conscience collective. Cette commémoration est devenue le rendez-vous le plus important du calendrier juif parisien. Temps fort commémoratif de l’année, elle rassemblait un public nombreux, prenait souvent une forme grandiose avec des discours, des parties artistiques, des intervenants connus. Toutefois, dans le contexte des conflits politiques dans le monde juif, qui ont progressivement conduit à la division du monde juif entre communistes et non-communistes (à partir de 1948 et surtout au début des années 1950), la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie s’est vite fragmentée.
Après des commémorations communes dans l’immédiat après-guerre, les organisations ont toutes cherché à organiser leur propre commémoration. Cela témoignait non seulement des conflits entre organisations juives mais aussi d’une vision ni unanime ni consensuelle du soulèvement du ghetto de Varsovie. Ce sont surtout quatre grandes commémorations qui avaient lieu : celle du Bund et de l’Arbeter Ring, celle de la Fédération des sociétés juives de France (à tendance sioniste) et des organisations non ou anti-communistes), celle de l’UJRE et des groupements progressistes et, à partir de 1957, celle du Mémorial du martyr juif inconnu.
Malgré cette fragmentation des commémorations, ces dernières partageaient des traits communs. Elles mettaient tout d’abord en avant le rôle des civils révoltés, hommes et femmes. Les femmes ont en effet participé à la lutte armée mais beaucoup d’entre elles ont aussi joué un rôle central dans l’aide concrète aux combattants qu’elles cachaient, hébergeaient, nourrissaient. Les organisations juives soulignaient, deuxièmement, le fait qu’il s’agissait d’une des premières révoltes de ce type pendant la guerre. Elles rappelaient les mérites militaires des combats face à des nazis bien plus nombreux et plus armés. Elles soulignaient enfin que les insurgés ne se battaient pas uniquement avec l’énergie du désespoir mais aussi pour défendre un idéal de liberté et de justice.
On notera un dernier point commun dans ces commémorations : si elles célébraient les hommes et les femmes insurgés, elles accordaient en revanche une place marginale aux femmes dans l’organisation des commémorations. Les femmes ne prononçaient qu’à de très rares exceptions des discours et, lorsqu’elles s’exprimaient, c’était surtout dans la partie artistique des cérémonies. Comme le note Simon Perego, il s’agit d’une division genrée des tâches : aux hommes appartenaient le registre de l’analyse rationnelle et politique dans les discours, aux femmes revenaient le registre émotionnel et esthétique qui s’exprimait dans la partie artistique des cérémonies.
Malgré ces points communs, chaque organisation faisait une lecture partisane du soulèvement. Pour les bundistes, le Bund était le leader et l’inspirateur de l’insurrection, qui s’inscrivait dans l’héritage de l’esprit libertaire des masses ouvrières juives. Les sionistes de gauche, voyaient dans l’insurrection les prémices de la lutte nationale menée par les Juifs pour l’indépendance de leur État. Ils soulignaient le rôle des travailleurs juifs dans l’insurrection et rendaient surtout hommage à l’Organisation juive de combat créée par trois mouvements sionistes de gauche : l’Hashomer Hatsair, le Dror et Akiva. Ils mettaient moins en avant le rôle de l’Union militaire juive des sionistes révisionnistes ou du Betar, leur mouvement de jeunesse. Enfin, les Juifs communistes honoraient leurs camarades morts au combat et valorisaient l’URSS et l’armée rouge en soulignant les liens entre l’insurrection et la victoire soviétique à Stalingrad quelques mois plus tôt. Les Juifs communistes évoquaient aussi les Polonais non-juifs différemment : ils ne leur reprochaient pas leur inaction mais soulignaient au contraire l’aide apportée aux combattants juifs du ghetto par la résistance non-juive ancrée à gauche. L’objectif des Juifs communistes était de montrer que ceux qui ont aidé les Juifs sont aussi ceux qui construisent la nouvelle Pologne socialiste.
Conclusion
Ainsi, le soulèvement du ghetto de Varsovie a joué un rôle central pendant la guerre, comme prise de conscience de ce qu’il se passait à l’Est, comme ou- til de mobilisation des masses juives dans la lutte et dans la Résistance et comme outil de l’unité des différentes organisations juives. Après-guerre, il devient un moment central des commémorations de toutes les organisations juives, chacune avec sa lecture partisane des évènements, malgré le partage de traits communs.
(1) « L’impact du soulèvement du ghetto de Varsovie en France. Extraits de la table ronde organisée par le CDJC le 17 avril 1983 au Sénat », Le Monde Juif, 1993/2-3 (N° 147-148), p. 304-321.
(2) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions : la Résistance et le «problème juif», 1940-1944, Paris, Fayard, 2008, p. 510.
(3) Renée Poznanski, Propagandes et persécutions, op. cit.
(4) Ibid., p. 513.
(5) Ibid., p. 512.
(6) Simon Perego, « Pleurons-les : les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah, 1944-1967 ».
Bon Anniversaire!
Denise Toros-Marter
- Commandeur de la Legion d’Honneur -
Déportée à Auschwitz-Birkenau,
Denise Toros-Marter est née le 16 avril 1928 à Marseille, de parents juifs français israélites, juive alsacienne par sa mère et juive algérienne par son père Lucien et Marcelle Julie Marter. Elle a deux frères aînés, André et René. La famille est traditionnelle, elle célèbre les fêtes juives. Le grand-père de Denise a été, pendant 47 ans, conservateur du cimetière israélite de La Timone, à Marseille.
Le père de Denise est un ancien combattant de la guerre de 14-18 et en En 1939, il le père de Denise est mobilisé et envoyé en Syrie. Il est enregistré en préfecture comme juif, dès la déclaration du statut des juifs par Laval et Pétain.
En 1944, Denise a 16 ans. Elle va tous les jours au lycée et suit également par la suite des cours de sténo dactylo et des cours d’anglais allemand à l’école Berlitz. dans une école. Un jour ou elle passe au magasin de chaussures de sa grand-mère, celle-ci lui apprend que le professeur Crémieux est arrêté. sur le chemin, elle passe par la boutique de chaussures de sa grand-mère. Celle-ci lui apprend que le professeur Crémieux a été arrêté. Pour Denise, c’est le choc et l’effroi. Le professeur Crémieux répond au mêmes critères que la famille Marter.
La famille du professeur Crémieux est française depuis plusieurs générations, éminent psychiatre et ancien combattant des deux guerres. Sa situation correspond à celle de sa famille. Elle a soudain très peur d’être arrêtée. En rentrant chez elle, Denise prévient ses parents sa famille. Mais, son père, craignant une séparation familiale, ces derniers ne s’en inquiètent pas davantage et préfèrent rester ensemble. Sa mère, plus sensibilisée, accepte néanmoins que Denise aille chez une amie du lycée qui a proposé de l’héberger si elle se sent en danger. Denise s’apprête à aller se cacher chez son amie, elle finit de lacer ses chaussures, lorsque les miliciens français tapent à la porte.
Elle est arrêtée le 13 avril 1944, chez elle, avec son père et sa mère. Sa grand-mère est arrêtée à son magasin de chaussures, avec André, son frère aîné qui s’y trouvait également. René en réchappe avec un signe de l’employée.
La famille est conduite au siège de la Gestapo, 425 rue Paradis, à Marseille. Les hommes et les femmes sont séparés. Ils couchent par terre dans une cellule sur des paillasses. Ils sont ensuite transférés à la prison des Baumettes, avant d’être transférés au camp de Drancy en train dortoir.
À Drancy, « on est dans un dortoir avec des lits en fer, des tabourets, des tables ». « Dans la cour, des gens parlent Yiddish ». Denise ne connaît pas trop cette langue, dans le sud, on parle le provençal, mais elle les questionne. « Où vont tous ses convois qui partent d’ici ? » « Pitchipoï » répondent-ils. Pitchipoï, c’est un village imaginaire en Yiddish. Pitchipoï, c’était Auschwitz. Denise travaille à Drancy. Elle nettoie l’appartement d’une gendarme française dont le mari qui gardait le camp d’internement. « Elle ne m’offre pas un verre d’eau, ne me dit pas bonjour, et me dit ‘il y a ça et ça à faire’ ». Cela a profondément blessé Denise de la part d’une française.
Denise est déportée le 20 mai 1944, dans le convoi n°74 à destination d’Auschwitz-Birkenau. Ses parents, sa grand-mère et son frère André sont également déportés dans ce convoi. Le voyage se fait dans des wagons à bestiaux. À son arrivée, elle est sélectionnée pour le travail forcé. C’est la dernière fois qu’elle voit son père, sa mère et sa grand-mère. Elle est conduite dans un bloc de quarantaine où elle est tatouée sur son bras le numéro A.5556, puis et dépouillée de ses vêtements, tondue, et où on lui passe des haillons, ses nouveaux vêtements.
À Birkenau, tout est fait pour y perdre sa dignité, et ensuite sa vie.
Denise attrape la varicelle.
Elle a eu trois fois les pieds gelés durant sa déportation. On l’envoie au Revier, l’hôpital du camp, où on lui donne un cachet d’aspirine. « Si on était à l’hôpital du camp, on prenait le risque de ne pas passer la sélection et d’être envoyé aux à la chambres à gaz. On ne servait plus à rien ».
Avant la libération d’Auschwitz en janvier 1945, Denise a avait la gangrène et souffre souffrait des pieds gelés pour la troisième fois au troisième degré. Ses doigts de pieds sont tombés tout seuls… Elle est était au Revier, elle ne subit donc pas la marche de la mort. Elle est libérée par les Russes. Mais il lui a fallu trois mois pour se lever et marcher après une opération du pied réalisé par un médecin de la Croix Rouge Polonaise et soignée par des religieuses dévouées.
À son retour en France, elle arrive à l’hôtel Lutetia à Paris et est transférée à Marseille. Son frère René vient la chercher. Il a survécu à la guerre, il était résistant dans le maquis du Gard avec deux cousins : Georges Glasberg et René Almeras. Ils ont combattu dans le maquis Sainte Hyppolite du Fort.
Son frère aîné André a été déporté à Auschwitz-Birkenau et à Mauthausen. Il a également survécu. Il s’est rétabli en Suisse avant de rentrer en France ne pouvant être rapatrié sans ses forces physiques
Les trois orphelins rentrent, se retrouvent à Marseille. Denise a 17-18 ans, elle emménage avec son frère aîné André qui prit soin d’elle.
Aujourd’hui Denise est particulièrement fière d’avoir créé l’Amicale des déportés d’Auschwitz, une association pour la mémoire de la Shoah, dont l’objectif est de témoigner auprès des jeunes. Le contact auprès des jeunes qu’elle rencontre pour témoigner et avec les supers professeurs d’histoire la rend heureuse. Ce qu’elle souhaite leur transmettre, c’est la tolérance vis-à-vis de l’autre, malgré de la différence qui génère la démocratie et la liberté d’expression. Chacun apporte sa différence à la société.Elle prendra également une part très active dans la création de l’AFMA à Marseille.
Elle est également fière d’avoir publié son livre, d’avoir raconté son histoire. « Quand je suis revenue de déportation, j’ai pris un cahier d’écolier sur lequel était écrit paradoxalement sur la couverture «l’avenir» et j’ai tout écrit, tout ce dont je me souvenais des moments gravés dans mon cœur et dans ma tête, ce que je ressentais ». Des années plus tard, c’est à partir de ce manuscrit qu’elle a rédigé son livre-témoignage « J’avais 16 ans à Pitchipoi ».
Elle écrit des poèmes rappelant son parcours dramatique notamment «Liberté» et «Hantise» ainsi qu’un texte qui conclue ses témoignages : «Le testament d’Auschwitz». Elle va témoigner auprès des jeunes avec la promesse qu’elle a faite à ses camarades voués à la chambre à Gaz : «Si jamais tu t’en sors ! Raconte !»
«J’ai écrit un poème qui s’intitule « Liberté »».
Lire:
Denise TOROS-MARTER, J’avais seize ans à Pitchipoï. Paris: ed. Le Manuscrit, 2008. 225 pages
https://lemanuscrit.fr/livres/javais-seize-ans-a-pitchipoi/
Témoignage d'Isabelle Choko à l'UNESCO (Paris)
L'Assemblée Générale de l'AFMA, ce 16 Mars 2023, s'ouvrira avec le rappel du témoignage d'Isabelle Choko à l'UNESCO.
L’UNESCO a marqué la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste en organisant une cérémonie au Siège de l’Organisation le 26 janvier 2023.
« Commémorer les victimes, perpétuer la mémoire de l’Holocauste ainsi que lutter contre la haine et les théories du complot : il en va de notre devoir collectif », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, lors de l’ouverture de cette cérémonie. Se sont joints à elle le Président du Mémorial de la Shoah, M. Éric de Rothschild, et le compositeur M. Jorge Grundman, dont l’œuvre intitulée Shoah a été interprétée par le violoniste M. Robert Davidovici.
La commémoration a été marquée par le témoignage de Mme Isabelle Choko, Présidente de l’Union des déportés d’Auschwitz (France) et de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz.
Son témoignage reste disponible à l'écoute avec le lien suivant:
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